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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/375

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qu’il y a de plus étrange, c’est que je l’ai prise en grande estime. Oui, sur ma parole. Elle m’a paru si simple, si chaste en toute chose, que je me suis mis à l’aimer tout de bon.

– Ah bah ! fit Cornélius qui pressa le bras de Belle-Rose, dont les yeux étincelaient.

– C’est, ma foi, vrai, ou peu s’en faut. Que diable ! on est gentilhomme, et je ne veux pas qu’elle meure dans un couvent.

– Elle n’y mourra pas, dit Belle-Rose d’une voix profonde.

– C’est aussi mon opinion, reprit M. de Pomereux ; malheureusement ce n’est pas l’avis d’un certain M. de Charny, à qui mon précieux cousin a commis le soin de cette affaire.

– M. de Charny ? répéta Belle-Rose.

– Un certain méchant drôle un peu capable de tout, venimeux comme une vipère et tenace comme de la glu. Quand il est en conférence avec M. de Louvois, j’ai toujours peur pour quelqu’un.

– Mais que lui a fait Mme d’Albergotti ?

– À lui ? rien ; mais M. de Charny est un homme qui choie les haines du ministre comme on fait d’une maîtresse. Il a bien trop à faire de celles de M. de Louvois, pour en avoir de son cru.

– Quel misérable ! dit Cornélius.

– C’est un misérable comme il en faut, dit-on, aux vizirs que nous a faits le caprice de notre gracieux monarque ; muet comme la tombe, prêt à toute heure, impénétrable comme la nuit. Eh ! messieurs, ces drôles-là ont leurs qualités. Au demeurant, grâce à ma parenté avec notre illustre ministre, il est quelque peu de mes amis.

– M. de Charny ?

– Eh ! mon Dieu, oui. Seulement, lorsqu’il me fait l’honneur de manger à ma table, aussitôt qu’il est parti