Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/393

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qui a nom Ambroise Patu, et qu’il n’a jamais vu ; ce neveu est natif de Beaugency. C’est un grand benêt de campagnard blond et tout novice. Il arrive ce soir par le coche et doit descendre à l’hôtellerie du Cheval noir, rue du Four-Saint-Germain, pour se présenter demain matin au couvent des bénédictines. Il me semble qu’il y a dans cette nouvelle de quoi tirer un bon parti. Suzanne a peur qu’on se hâte, mais moi je veux qu’on se presse ; sinon je me fais nonne. »

À la lecture de ce billet, la Déroute sauta de joie. C’était un homme qui avait, on le sait, des ressources promptes, et qui, aussitôt qu’on ouvrait une voie à son esprit, s’y jetait avec résolution.

– Je suis dans les jardins ! s’écria-t-il.

– Non pas ; c’est moi qui m’y rendrai, répliqua Belle-Rose.

– Vous ?

– Oui, mon ami, interrompit Cornélius, c’est une idée du capitaine, il prétend que sa place est au jardin.

– Sans doute, puisque Suzanne y est, dit Belle-Rose.

– Et c’est vous qui voulez prendre l’habit d’un garçon jardinier ? reprit la Déroute.

– Certainement.

– Il n’y a qu’un petit inconvénient, c’est qu’au premier regard qu’une religieuse jettera sur vous, elle sentira son gentilhomme d’une lieue.

– Eh ! mon ami, j’ai manié la serpe.

– Mais vous portez une épée ! Tenez, capitaine, laissez-moi vous dire une chose. Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve, mais une fois dans cette cage de pierre qu’on nomme un couvent, on n’est jamais bien sûr d’en sortir. Si vous veniez à être découvert, que feriez-vous ?

– On me tuerait avant de me prendre.

– Ceci est fort bon pour vous, mais quand vous seriez mort, qu’arriverait-il de Mme d’Albergotti ?