Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/457

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du sergent, jurait qu’il ne quitterait jamais la compagnie d’un capitaine tel que Belle-Rose. Sur ces entrefaites, et la veille du jour fixé pour la cérémonie, M. de Pomereux se présenta à l’abbaye de Sainte-Claire d’Ennery. On ne l’eut pas plutôt annoncé, que Belle-Rose courut à sa rencontre avec Cornélius. Les trois jeunes gens s’embrassèrent tout d’abord.

– Morbleu ! s’écria le comte, il faut croire qu’il est dans ma destinée d’agir toujours au rebours du bon sens ; je devrais vous haïr de toute mon âme, et je sens que je vous aime de tout mon cœur.

– Vous avez fait l’histoire de mes sentiments, répondit Belle-Rose.

– À présent que j’ai acquitté sur le chemin de Pontoise la lettre de change que vous avez tirée sur moi dans une rue de Douvres, parlez-moi de vos affaires.

Cornélius conta à M. de Pomereux ce qu’on avait résolu.

– Nous nous marions dans la chapelle de l’abbaye, ajouta-t-il ; mais, à la façon dont les choses se passent tout à l’entour du monastère, nous aurions tout aussi bien pu nous marier en grande pompe dans l’église paroissiale de Pontoise.

– Quoi ! pas un archer aux environs ? dit le comte.

– Personne ; au reste, vous avez dû vous en convaincre en venant ici. Avez-vous rencontré le plus petit soldat de la maréchaussée ?

– Pas un seul, et voilà justement ce qui me chagrine.

– Eussiez-vous mieux aimé en voir cinquante ?

– Peut-être oui.

– Voilà qui est plaisant !

– Eh ! que diable ! quand M. de Charny agit, au moins sait-on ce qu’il fait ; mais quand il se tient coi, Lucifer lui-même ne pourrait deviner ce qu’il médite. S’il n’y a pas d’alguazils autour de l’abbaye, c’est qu’il doit y avoir une foule d’espions à un quart de lieue.