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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/462

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mon père m’envoya à Malzonvilliers. Depuis cette visite, mes jours ont coulé comme de l’eau ; il ne m’en est rien resté, qu’un peu d’écume à la surface. Pauvre Gabrielle !

Le comte de Pomereux colla sa bouche aux cheveux de son amante.

– Tout ce que j’ai de bon vient d’elle, reprit-il. Que son souvenir me protège !

Il fit quelques pas après ces mots et revint près de Suzanne.

– Vous avez assisté à son agonie et consolé sa souffrance, lui dit-il les deux mains sur les siennes. Dans la joie et dans le malheur, quoi qu’il advienne, par le nom sacré de Gabrielle, je suis à vous et aux vôtres. Et vous, messieurs, qui êtes à présent son mari et son frère, ajouta-t-il en se tournant du côté de Belle-Rose et de Cornélius, faites-moi l’honneur d’accepter mon amitié.

Cette scène, où M. de Pomereux s’était montré sous un aspect tout nouveau, fit une impression profonde sur les jeunes gens ; ils se séparèrent du comte, le cœur ému.

– C’est un jour heureux, dit Suzanne, nous avons retrouvé une amie et gagné un ami.

À quelques centaines de pas de l’abbaye, M. de Pomereux fit rencontre d’un estafier qui se promenait le nez au vent le long du chemin. Ce drôle, à mine effrontée, l’examina fort attentivement tandis qu’il passait. Le comte, qui n’aimait pas les curieux, poussa vers lui ; mais l’estafier se jeta dans un taillis, où il fut bientôt à l’abri de toute poursuite.

– Voilà qui me prouve que je ne m’étais point trompé, se dit M. de Pomereux. Je serais fort surpris, vraiment, si cet homme n’était pas aux gages de M. de Charny.

À Écouen, M. de Pomereux remonta dans le carrosse qui l’avait amené de Chantilly, et se dirigea vers Paris, en donnant ordre au cocher de toucher chez M. de Louvois.