Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/495

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– Cet homme est ici.

– Je crois même qu’il a fantaisie d’y passer la nuit.

– Maintenant, monsieur le comte, je viens pour arrêter ce criminel d’État, et vous allez me le livrer sur-le-champ.

En achevant ces mots, M. de Charny s’était levé ; M. de Pomereux resta sur son fauteuil.

– Permettez, monsieur, dit-il de l’air d’un homme profondément étonné, il y a dans tout ceci une grave erreur, et je tiens à m’en expliquer. Avez-vous le loisir de me donner encore trois minutes ?

M. de Charny regarda le comte, ne devinant pas où il voulait en venir, mais soupçonnant un piège sous ces paroles :

– Parlez, monsieur, dit-il.

– Oh ! je serai bref comme vous, veuillez seulement vous rasseoir ; je suis très fatigué, et si vous restiez debout vous m’obligeriez à me lever, ce qui me contrarierait fort.

M. de Charny se rassit, la colère commençait à briller dans ses yeux.

– C’est bien à monsieur de Charny que j’ai l’honneur de parler ? continua M. de Pomereux.

M. de Charny sauta sur sa chaise.

– Êtes-vous en humeur de railler, monsieur ? s’écria-t-il.

– Point ; je suis en humeur de causer, si vous le permettez.

– Que signifie alors cette question ?

– Elle signifie tout bonnement que M. de Charny, l’honorable M. de Charny que j’ai eu si souvent le plaisir de rencontrer chez M. de Louvois, n’étant ni lieutenant criminel, ni conseiller au parlement, ni procureur au Châtelet, n’ayant enfin aucune charge de justice, n’a pas mission pour arrêter qui que ce soit.

M. de Charny se mordit les lèvres.