Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/498

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fermeté de son geste, l’accent de sa parole, firent tressaillir Belle-Rose, qui s’arrêta. M. de Charny bondit vers lui comme un tigre.

– Encore vous ? prenez garde ! s’écria-t-il.

Le comte couvrit le confident du ministre de son regard dédaigneux.

– Belle-Rose, ajouta-t-il en se tournant vers son ami, vous êtes entré chez moi sain et sauf, vous en sortirez vivant et libre.

– Mais votre tête est en péril !

– Aimez-vous mieux que mon honneur périsse ?

La colère faisait trembler M. de Charny.

– Ah ! c’est une lettre de cachet qu’il vous faut ! dit-il, vous en aurez deux.

M. de Pomereux haussa les épaules.

– Si vous aviez tiré un ordre de votre poche, je vous aurais brûlé la cervelle, voilà tout, lui dit-il.

– Après moi, il y a M. de Louvois, répondit le favori.

– Après moi, il y a le prince de Condé, répliqua M. de Pomereux. Tenez, Belle-Rose, cessez de craindre pour ma vie ; on ne s’avisera pas de toucher un seul ruban de mon habit, et monsieur que voilà le sait bien.

M. de Charny regardait tout autour de lui comme une bête fauve ; ses yeux s’arrêtèrent sur le balcon, et il se demanda s’il ne ferait pas bien d’appeler les gens de la maréchaussée à son aide pour en finir tout d’un coup. La Déroute devina sa pensée à l’expression de ses regards, et fut s’appuyer contre la fenêtre d’un air tranquille. M. de Charny lui jeta un regard de vipère et se tint immobile. Il y eut un instant de silence pendant lequel chacun s’observa. M. de Charny ne voulait pas s’éloigner, craignant que, durant son absence, Belle-Rose ne s’échappât par une issue secrète de l’hôtel ; M. de Pomereux désirait de son côté garder M. de Charny en son pouvoir, mais tout le monde comprenait qu’il fallait à tout prix