Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/503

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je vous le confie et vous m’en répondez. Dans une heure, vous lui ouvrirez les portes de l’hôtel.

Les laquais s’inclinèrent et l’on passa. Le carrosse aux armes du prince de Condé était attelé de quatre chevaux, les postillons étaient en selle ; les piqueurs, armés de torches enflammées, attendaient le signal du départ pour courir en avant ; des laquais, armés de mousquetons et d’épées, se tenaient aux portières à cheval. M. de Pomereux fit monter Belle-Rose, la Déroute et l’enfant ; lui-même s’assit près d’eux.

– Allez ! dit-il.

La grande porte de l’hôtel roula sur ses gonds, les piqueurs s’élancèrent au galop, secouant leurs torches, le carrosse les suivit, et toute l’escorte s’ébranla au milieu des éclairs et du bruit. La maréchaussée attendait dans la rue. À la vue du carrosse où l’écusson aux trois fleurs de lis d’or étincelait et de cet appareil magnifique, elle hésita. Elle était sans chef et privée d’ordre. Celui qui commandait la bande obéit au proverbe et s’abstint.

– Place au carrosse de monseigneur le prince de Condé ! crièrent les piqueurs dont les chevaux hennissaient et piaffaient.

Les archers éblouis s’écartèrent, et le cortège passa comme la foudre, illuminant les ténèbres de Paris.

– C’est égal, mon cher, dit M. de Pomereux à Belle-Rose quand ils eurent tourné le coin de la rue du Roi-de-Sicile, je crois que vous auriez mieux fait de tuer M. de Charny.