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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/530

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père me faisait très souvent lire dans un gros vieux livre où tout ce qui vient du cœur est écrit. Dans ce livre, il y a une phrase qui me frappa dès lors et que je n’ai jamais oubliée depuis.

– Quelle phrase ?

– Celle-ci : « Cherchez et vous trouverez. »

– Eh bien ! qu’est-ce que ça prouve ? demanda la Déroute, qui se creusait

l’esprit pour deviner quel rapport il pouvait y avoir entre les Hollandais et le vieux livre dans lequel lisait Belle-Rose.

– Ça prouve que j’ai cherché et que j’ai trouvé.

La Déroute, qui n’avait point l’intelligence tournée du côté des paraboles, renonça bientôt à comprendre celle-ci : Belle-Rose n’était ni mort ni blessé, le reste lui importait médiocrement. Quand ils rentrèrent sous la tente, Grippard dormait toujours. Au troisième coup de canon il avait ouvert les yeux un instant, et s’était rendormi, rêvant qu’il entendait un grillon. Aussitôt qu’il eut changé de vêtements, Belle-Rose se rendit chez M. de Luxembourg. Dès le lendemain, le prince de Condé fit dresser deux batteries et ordonna qu’on préparât un pont de bateaux. Des hauteurs de Sherenberg, Louis XIV examinait les positions de l’ennemi. Tandis qu’on plaçait l’artillerie qui devait protéger les opérations militaires, M. de Luxembourg s’approcha de M. de Condé et lui parla bas quelques instants. Le prince laissa échapper une

exclamation de surprise.

– Est-ce un homme sûr ? s’écria-t-il tout à coup.

– Sûr comme moi, répondit le duc.

– Eh bien, qu’il essaye ! reprit le prince.

Belle-Rose était à quelques pas des officiers généraux, épiant leur conversation du regard. Sur un geste de M. de Luxembourg, il accourut.

– Voilà monseigneur le prince de Condé qui te permet de faire ce que tu voudras ; va donc, lui dit-il.

Belle-Rose salua sans répondre et tira son épée.