Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/56

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pour être caporal de sapeurs. Quand la Déroute était embarrassé, il commençait par réfléchir ; mais quand l’embarras était extrême, il finissait par se rendre chez son capitaine. Dans cette circonstance, il se rendit tout droit chez M. de Nancrais, sautant par-dessus la réflexion. Le cas était grave.

– Capitaine, vous avez mis un ingénieur dans la chambrée, lui dit-il ; vous m’aviez chargé d’instruire Belle-Rose, et c’est Belle-Rose qui instruit son caporal. Que faut-il faire ?

– Envoyez-moi Belle-Rose.

Après un court entretien, M. de Nancrais engagea le protégé de son frère à continuer ses études en mathématiques, et à y joindre l’étude des langues.

– Nous sommes tous plus ou moins ingénieurs et canonniers, lui dit-il ; quand tu sauras bien la trigonométrie et l’espagnol, tu ne seras pas loin de l’épaulette. Tu commenceras les leçons demain.

Quatre ou cinq jours après, Belle-Rose reçut une lettre de M. d’Assonville, qui, tout en le félicitant de son zèle, lui envoyait quinze louis pour payer ses professeurs. Tout de suite et tout ému de joie, il courut la montrer à M. de Nancrais. M. de Nancrais fronça le sourcil.

– Je voudrais bien savoir, s’écria-t-il en tordant sa moustache, si vous êtes sapeur ou chevau-léger ? Je ne me mêle point des affaires de la cavalerie et n’entends point qu’on se mêle de celles de l’artillerie !

– Mais…

– Paix ! Vous êtes soldat dans ma compagnie ; si je trouve bon de vous donner des maîtres, c’est qu’apparemment il me plaît de les payer. M. d’Assonville vous a envoyé quinze louis, c’est bien ; je ne les lui renverrai pas, parce que c’est mon frère ; mais tu me feras le plaisir de prendre cette bourse et de payer tes leçons avec l’or que j’ai mis dedans, sinon tu en auras pour dix jours de salle de police. Va maintenant.

– Oh ! le terrible capitaine, disait Belle-Rose tout en