Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/118

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dans l’interstice qui la séparait de sa voisine, fit jouer un ressort invisible.

Carquefou et Rudiger, qui retenaient leur souffle, suivaient chacun de ses mouvements avec anxiété.

Une porte basse s’ouvrit devant eux lentement et sans bruit ; elle était faite d’un seul bloc et tournait sur des gonds de fer.

Magnus passa le premier et projeta la lumière de sa lanterne dans le cachot où il venait de pénétrer.

Une ombre livide s’agitait dans l’obscurité.

— Dieu ! mon maître ! cria Magnus, qui reconnut M. de la Guerche presque avant de l’avoir regardé.

D’une main tremblante, il coupa les cordes qui le liaient sur sa couche de paille.

— Eh ! c’est Mathéus !… reprit-il en rugissant, et il a fait cela sachant que je vis !

Libre, Armand-Louis se leva lentement.

— Ah ! je n’espérais plus ! dit-il.

Magnus lui embrassait les mains et pleurait en le voyant si pâle et si décharné ; Carquefou s’essuyait les yeux.

— Bien sûr, dit-il, le bandit n’aura pas mieux traité M. de Chaufontaine.

— Est-il libre aussi ? demanda Armand-Louis.

— Pas encore.

— Cherchons donc ; je ne sortirai pas de ce repaire sans lui.

M. de la Guerche avala à la hâte deux ou trois gorgées d’un cordial dont, par précaution, Carquefou avait rempli une petite gourde, et sortit de la tour.

— Mais, vous chancelez ! s’écria Magnus.

— Ah ! la pensée de délivrer mon frère d’armes me donnera des forces ! répondit M. de la Guerche.

On le couvrit d’un capuchon, on l’arma d’un poignard et d’