Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/124

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Renaud ; je le connais, demain il sera frais et grouillant comme une anguille.

Pendant que ces quelques paroles étaient échangées, les compagnons apprêtaient leurs armes silencieusement.

Les pas de la ronde s’éloignèrent dans la galerie, et la voix se tut.

Magnus respira.

— J’ai cru que l’heure était venue de vaincre ou de mourir ici, dit-il.

— Haut le cœur, à présent, monsieur le marquis ! reprit Carquefou ; si nous ne voulons pas être pris dans cette salle comme des goujons dans un filet, dépêchons-nous de partir.

Renaud fit un effort désespéré.

— J’ai tant souffert ! dit-il. Mais, sois tranquille, où l’âme commande, le corps doit obéir.

Et d’un pas lent, mais ferme, il marcha vers la porte. Magnus l’ouvrit résolument ; la sentinelle, qui n’avait pas remué, les regarda.

— Pas un mot ! lui souffla Magnus dans l’oreille.

Rudiger, qui venait après, se découvrit à demi.

— Jean de Werth est là avec le seigneur Mathéus. Affaire d’État ! continua-t-il. Ne dis rien aux camarades de ce que tu as vu.

La sentinelle se rangea respectueusement contre le mur en faisant le salut militaire.

La troupe atteignit l’extrémité de la galerie, descendit l’escalier et se trouva bientôt dans les souterrains du château. Un courant d’air vif leur caressa le visage. L’ouverture secrète pratiquée dans les fondations de la tour était béante devant eux. Ils s’y engagèrent l’un après l’autre, Magnus marchant le dernier et Carquefou en tête ; le bloc de pierre retomba dans son cadre muet, et, en quelques minutes, les fugitifs arrivèrent à l’entrée du long passage qu’