Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/129

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des bandes de Hongrois et de Croates qui ravageaient la campagne et que leurs caprices ou la pensée d’une proie plus riche portaient çà et là, comme un coup de vent chasse ou ramène des nuées de sauterelles.

On n’entendait plus parler de Mathéus Orlscopp et Carquefou, mis en gaieté par le voyage, répétait sa fameuse chanson :

À la branche d’un chêne On pendra le coquin…

lorsqu’un matin le vent léger qui suit la naissance du jour leur apporta l’écho d’un bruit formidable qui grondait au loin.

— Le canon ! dit Renaud.

Tous s’arrêtèrent. C’était bien le canon ; on entendait dans l’espace le roulement des détonations qui se succédaient sans relâche.

Carquefou montra de la main de grands nuages de vapeurs blanches qui voilaient un pan de l’horizon.

— Là ! dit-il.

Magnus colla son oreille contre la terre ; elle tremblait.

— Ce n’est pas une escarmouche, ni même un combat, c’est une bataille, dit-il.

L’éclair de la joie brillait dans les yeux de M. de la Guerche et de Renaud ; déjà celui-ci tourmentait la garde de son épée, qu’il tirait du fourreau par petites secousses.

Magnus se tourna du côté de Rudiger :

— La route est libre ! dit-il ; tu as été brave et loyal ; si tu viens avec nous, cette main qui a serré la tienne ne t’abandonnera jamais ; si tu pousses ailleurs, bonne chance ! Mais, tu étais avec les Impériaux, et je t’avertis que nous crions : « Vive Gustave-Adolphe ! »