Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/152

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m’a-t-on dit, a rencontré M. de Pappenheim à la Grande-Fortelle.

M. de Pappenheim se mordit les lèvres.

— Et cela crée des liens que rien ne peut détruire, poursuivit Mme d’Igomer. Ne vous a-t-il pas bravé ? Ne vous a-t-il pas fait subir le premier échec qu’ait éprouvé celui qu’on devait plus tard surnommer le Soldat ? Voilà ce qu’on peut appeler des titres ! Quand vous pensiez encore à Mlle de Souvigny, n’ai-je pas ouï dire que, dans un bourg, près de Malines, M. de Chaufontaine a bravement tué un homme à vous, une fine lame cependant ! Eh ! eh ! M. de Chaufontaine a droit au respect du comte de Pappenheim. Il vous a frappé ; courbez-vous !

— Madame ! cria M. de Pappenheim, pâle de fureur.

Mme d’Igomer ne baissa pas les yeux.

La croix rouge venait d’apparaître sur le front livide du grand maréchal ; mais, reculant d’un pas comme s’il eût eu peur de son propre emportement :

— Madame, reprit-il, voilà des paroles qu’un homme ne m’aurait pas dites impunément. Vous êtes femme… je les oublierai.

— Non, ne les oubliez pas ! reprit Mme d’Igomer avec force.

— Mais alors que voulez-vous que je fasse ?

— Ce que je ferais si j’avais l’honneur de me nommer Godefroy-Henri de Pappenheim.

— Ah ! parlez, parlez donc !

— Un homme vous a offensé, un étranger, un ennemi de votre pays et de votre empereur ! Cet homme aime une femme que le sort de la guerre a fait tomber entre vos mains, et vous me le demandez ! Trêve de vaines paroles. Êtes-vous de ces écoliers que des scrupules enfantins conduisent, et voulez-vous garder pour ce Français qui vous raille,