Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/158

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que le soin de leur âme me touche autant que celui de leur corps ? Je les sais attachées à deux gentilshommes français de petite maison, qui cherchent fortune à l’étranger, ne pouvant pas ramasser une obole chez eux ; je les ai rencontrés l’un et l’autre au temps où la fatalité me retenait en Suède… J’ai pu juger de leurs mœurs et de leur esprit : ce sont des batteurs d’estrade, bien plus que des gentilshommes, braves, à ce qu’on dit, mais quel soldat des armées que vous avez cent fois conduites à la victoire ne l’est pas ? Au delà, rien. Par quel charme ont-ils séduit le cœur de ces jeunes filles ? Je l’ignore. Ah ! j’ai longtemps cru à un maléfice…

— N’en doutez pas, dit Wallenstein, que l’astrologue Seni maintenait dans le respect de toutes les superstitions.

— Je n’osais pas vous le dire, poursuivit Thécla en frissonnant, mais il y a dans leur manière de sentir et de s’exprimer des choses qui m’étonnent, qui m’affligent, et où ; malgré moi, je vois l’influence d’un pouvoir mystérieux. Moi qui les ai vues entrer dans la vie, je ne les reconnais pas. Surprise, hélas ! même indignée, j’ai voulu ramener ces esprits égarés ; l’ironie et une obstination perverse m’ont répondu… Croiriez-vous que l’une d’elles, Mlle de Souvigny, a reconnu par le plus amer dédain les bontés de son oncle M. de Pardaillan ? Bien que mal conseillé par les sectaires qui abondent à la cour de Stockholm, il avait l’heureuse pensée de la destiner à l’un des capitaines les plus renommés de l’empire…

— Un capitaine renommé, dites-vous ?

— Vous savez, monseigneur, quand le soleil ne brille pas au ciel, les étoiles lancent des rayons.

— Le nom de cette étoile à laquelle M. de Pardaillan avait pensé pour sa nièce ?

— Le baron Jean de Werth.