Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/16

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en ce moment suspend la guerre, les troupes impériales que commandait Torquato Conti ne tiennent plus la campagne et se dispersent dans toutes les directions ; ma présence ici est inutile ; je vais donc à Magdebourg, dit-il.

— À Magdebourg ! Que ne puis-je y courir avec vous ! s’écria Gustave-Adolphe.

— Et je viens demander à Votre Majesté si elle n’a pas quelque ordre à me donner pour Thierry de Falkenberg ?

— Dites-lui qu’il tienne jusqu’à la dernière extrémité, qu’il brûle sa dernière cartouche, qu’il tire son dernier boulet, qu’il défende la dernière muraille, qu’il meure s’il le faut ; foi de Gustave-Adolphe, dès que la liberté d’agir me sera rendue, j’irai lui porter le secours de mon épée.

— Est-ce tout ?

— Tout ! Ah ! dites-lui que si l’électeur de Brandebourg ne m’enchaînait pas ici, c’est avec moi que vous seriez arrivé !

D’un geste violent le roi froissa les cartes et les plans qu’on voyait sur la table.

— Si l’électeur Georges-Guillaume n’était pas le père d’Eléonore, reprit-il d’une voix sourde, voilà six semaines qu’il ne resterait pas pierre sur pierre de Spandau, et que mes cavaliers planteraient les piquets de leurs chevaux dans les rues de Berlin !

Armand-Louis fit un pas vers la porte.

— Excusez-moi, Sire ; mes heures sont comptées, dit-il. Je pars.

— Bonne chance alors, répondit le roi, qui lui tendit la main. Ah ! le plus heureux, c’est vous !

— J’ai maintenant une prière à vous adresser. Votre Majesté sait seule où je vais. Qu’elle veuille bien n’en parler à personne.