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XVI

LE CHÂTEAU DE DRACHENFELD

Le château de Drachenfeld, où de nouveaux hasards attendaient Adrienne et Diane, tenait tout à la fois de la citadelle et du couvent. On y voyait des galeries et des salles de bal comme dans un palais ; des casemates, des créneaux, des courtines, un donjon, comme dans un château fort ; des chapelles, un cloître, des cellules, comme dans un monastère. Pour que tout répondît à ce triple caractère dans cette singulière habitation, on pouvait, en se promenant au hasard dans les appartements et les jardins, rencontrer des gardes portant l’épée et le mousquet, des pages vêtus de velours et de satin, de belles personnes qui maniaient l’éventail ou touchaient du luth, des aumôniers et des gens d’église pieusement enfoncés dans quelque méditation.

Au bout d’un mois, les deux cousines furent au courant de la vie qu’on menait à Drachenfeld. Le soir appartenait au bal et aux divertissements de toutes sortes, pour lesquels l’imagination de Mme d’Igomer se montrait singulièrement inventive ; on s’adonnait le matin à des exercices de religion ; s’il faisait beau après-midi, on prenait le délassement de la promenade sur de belles pièces d’eau, ou dans de profondes forêts percées de larges avenues ; on chassait aussi ; mais, si le temps était à la pluie, on se rendait dans