Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/177

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plus chanter ni rire. Quand elles causaient, elles n’osaient pas se faire part de leurs inquiétudes, et lorsqu’elles s’embrassaient le matin, après de longues heures données aux larmes, elles parlaient l’une et l’autre du sommeil qui les avait caressées et du repos qu’elles avaient goûté.

Elles n’osaient pas s’arrêter à cette pensée que M. de la Guerche et Renaud tenteraient de les délivrer. Diane savait à présent, par Adrienne, quel homme c’était que Mathéus, et, dans la crainte que cette faculté qu’on leur avait laissée d’écrire à M. de Pardaillan ne cachât un piège, elles n’avaient pas tout dit.

Sur ces entrefaites, une de ces suspensions d’armées, comme on en rencontre tant dans l’histoire des guerres anciennes, arrêta pour quelques jours les hostilités entre les deux armées belligérantes, qui n’avaient pas cessé de combattre depuis Leipzig. Combien de braves officiers qui ne répondaient plus à l’appel du clairon ! Combien de soldats ensevelis à la hâte sous une poignée de terre ! Personne ne savait quand ni comment finirait cette guerre commencée depuis tant d’années, et où les passions religieuses se mêlaient aux intérêts de la politique. M. de la Guerche et M. de Chaufontaine avaient eu leur part de la gloire et des dangers communs ; mais ils mettaient au nombre des jours perdus ceux qu’ils n’employaient pas à délivrer Mlle de Souvigny et Mlle de Pardaillan. Toutes leurs tentatives jusqu’alors avaient été inutiles, ou, ce qui revenait au même, interrompues par les impérieuses nécessités de la guerre. Les intervalles étaient trop courts entre les sièges et les combats pour qu’ils pussent entreprendre une expédition au cœur même des provinces occupées par l’ennemi.

Ils ne négligeaient rien cependant, mais ils ne savaient rien ; et dans les périlleuses pointes que tour à tour, un jour à