Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/202

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— Expliquez-vous.

— Un serviteur fidèle m’a tiré des mains des Impériaux. Ferai-je moins pour Mlle de Souvigny que ce que Magnus a fait pour moi ? Mlle de Pardaillan est auprès d’elle, soumise au même esclavage. Son père pleure, et mon cœur saigne. M. de Chaufontaine et moi avons juré de les délivrer.

— C’est donc à Prague, en Bohême, au plein cœur des provinces ennemies, je ne sais où, avec cent hommes, que vous voulez aller ?

— Oui, Sire. L’honneur m’en fait une loi.

— Ah ! j’aurais fait comme vous autrefois ! s’écria le roi, qui saisit la main de M. de la Guerche. Allez donc ! Je ne me croirais plus digne de la couronne que je porte si je ne vous disais pas : « Bravez tout pour délivrer celle qui vous aime ! » Mais, après le roi, l’ami ajoutera : « Ménagez-vous pour conserver un brave soldat à la Suède… Elle n’a pas trop de tous ses enfants ! »

Comme M. de la Guerche prenait congé du roi, la porte s’ouvrit, et le duc de Lauenbourg entra. Armand-Louis, qui s’éloignait, resta.

— Les hostilités viennent de recommencer, dit le duc François-Albert ; deux régiments hongrois, arrivés depuis hier au camp impérial, ont attaqué cette nuit un escadron des mousquetaires finlandais… Deux régiments italiens les suivaient.

— Voilà des informations bien exactes, dit brusquement Armand-Louis. Comment les avez-vous obtenues ?

Le duc qui ne l’avait point aperçu d’abord, tourna la tête et rougit.

Tout en parlant, M. de la Guerche jouait avec une chaîne d’or passée à sa ceinture. Le scintillement du métal attira l’attention de M. de Lauenbourg, qui cherchait une réponse.