Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/225

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XXII

CE QUE FEMME VEUT Une sorte d’intimité s’était établie entre le château, où gouvernait le seigneur Mathéus, et le bois, où campaient les dragons. Magnus en profitait pour rendre visite aux murailles de Drachenfeld, dont tous les recoins lui furent bientôt familiers. Il changeait d’apparence plus aisément et plus promptement qu’un caméléon. Tantôt charbonnier, tantôt colporteur, il échappait à tous les soupçons. Il céda une fois aux instances de M. de la Guerche et franchit la herse du château en compagnie de son maître déguisé en pèlerin.

Sur le coup d’une heure, ils virent une porte s’ouvrir au fond d’une galerie, et un cortège parut, se dirigeant vers la chapelle.

Il pleuvait ce jour-là, et Mme d’Igomer éprouvait le besoin de faire ses dévotions.

Derrière Mme de Liffenbach, roide et gourmée, marchaient deux jeunes femmes ; de longs voiles de dentelle pailletés d’or les enveloppaient jusqu’aux pieds et dissimulaient mal la richesse de leurs vêtements. Mais, quelle pâleur sur leurs fronts ! On aurait dit deux statues arrachées au marbre du tombeau. Que devint Armand-Louis en reconnaissant Adrienne et tout près d’elle Mlle de Pardaillan ! Un