Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/253

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de cavalerie en marche, pénétra dans la profondeur du bois.

Magnus tourna les yeux du côté d’où venait cette rumeur.

— Nous n’avons pas une minute à perdre si nous ne voulons avoir sur les bras toute la vermine de Drachenfeld, dit-il.

— Laisserons-nous ainsi la pauvre Yerta sans sépulture ? dit Renaud.

— Certes, non ! s’écria Armand-Louis. Je me croirais indigne de lever les yeux sur Mlle de Souvigny si je laissais exposée à tous les outrages la dépouille de celle qui nous a donné sa vie !

— À l’œuvre donc ! répondit Magnus.

Et il se mit vigoureusement à creuser la terre avec Carquefou.

Un rideau de dragons se rangea entre eux et la lisière de la forêt.

La rumeur augmentait, et le sol tremblait sous les pieds des chevaux qui galopaient à travers les arbres. Bientôt on vit luire comme des flammes errantes les torches que portaient les premiers cavaliers pour éclairer leur marche.

Mme d’Igomer et Patricio Bempo marchaient en tête de l’escadron.

Quelques bonds de leurs montures les portèrent sur le front des huguenots.

Derrière ceux-ci, Magnus et Carquefou ouvraient une fosse.

Mme d’Igomer, étonnée de voir en armes toute cette troupe, s’approcha de M. d’Aigrefeuille, dont l’uniforme aux couleurs impériales la trompait, et lui demanda s’il n’avait pas aperçu deux femmes fuyant dans les bois.

— Deux femmes ? répéta M. d’Aigrefeuille, qui se caressait la barbe.