Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/279

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— N’avons-nous donc plus que la poignée de nos épées ? Manquons-nous de poudre et de balles ? s’écria Renaud.

— Je vous jure, monsieur, que nous sommes pour la plupart en vie, tâtez-nous, ajouta M. de Collonges.

L’officier salua d’un air de courtoisie.

— Et c’est précisément pour éviter à Vos Seigneuries la peine de mourir, que le baron Jean de Werth m’a dépêché vers vous, reprit-il ; les conditions sont telles, que vous pouvez les accepter sans déshonneur.

— Il ne faut pas non plus que vous vous soyez dérangé pour rien, répondit M. de Chaufontaine. Nous vous écoutons, monsieur.

— Aussitôt le village rendu et les abords occupés par les nôtres, vous aurez toute liberté de vous retirer où bon vous semblera.

— Sans payer de rançon et avec le droit de retourner au camp du roi de Suède ? demanda Renaud.

— Toutes les routes vous seront ouvertes, et vous ne payerez aucune rançon.

— Continuez, monsieur.

— Les honneurs de la guerre vous seront rendus, et vous conserverez vos armes et vos chevaux.

— Les drapeaux aussi ?

— Les drapeaux pareillement.

— Eh ! eh ! voici qui ressemble furieusement à un conte de fée ! s’écria M. de Collonges.

— Si j’en crois mes oreilles, nous n’avons donc plus qu’à nous en aller chez nous, trompette sonnant ? dit M. de Saint-Paer. Que ne parliez-vous plus tôt ?… Voilà trois ou quatre jours que nous ne demandons pas autre chose.

— N’y aurait-il pas, par hasard, une dernière petite condition dont vous ne dites rien encore ? demanda Renaud.

— C’est vrai, messieurs, il en est une dernière qu’il me reste