Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/294

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à chaque coup pour se frayer un passage jusqu’à Jean de Werth.

— Me prends-tu pour un aventurier tel que toi ? Je suis un général d’armée, répondit le Bavarois.

Et il dirigea l’effort de ses soldats vers un point qui lui paraissait mal gardé.

M. d’Arrandes devina son projet et accourut à la tête d’une petite troupe qu’il tenait en réserve. Le choc terrible des huguenots arrêta les Impériaux ; pris en tête par M. d’Arrandes et chargés sur leur flancs par Armand-Louis, ceux-ci reculèrent et, ramenés bientôt l’épée dans les reins jusqu’au milieu des vergers qu’ils avaient traversés, ils eurent grand-peine à s’y maintenir. Sur ces entrefaites, Renaud rejoignit Armand-Louis.

— Voilà un grand quart d’heure qu’on ne fait plus rien là-bas, dit-il ; j’ai laissé le commandement à M. de Saint-Paer et je suis venu voir ce qui se passe ici ; ce grand bruit qu’on y entend m’agaçait les oreilles !

Un élan le porta au plus épais de la mêlée.

Mme d’Igomer, qui observait la bataille du haut d’un monticule, à cheval, le corsage pris dans un pourpoint de velours grenat et la taille serrée dans une ceinture où pendait un poignard, l’aperçut s’ouvrant un passage parmi les combattants.

Un mélange de colère, d’admiration et de douleur changea subitement l’expression de ses traits.

— Ah ! s’il m’avait aimée ! murmura-t-elle.

En ce moment, Jean de Werth, qui grondait comme un lion obligé de lâcher sa proie sur laquelle un instant sa griffe s’est étendue, essayait de ramener les fuyards, qu’il frappait du plat de son épée, mais l’ombre descendait dans la plaine.

— Partie remise ! dit-il enfin.