Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/48

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— Un tigre et un lion ! reprit Carquefou en regardant tour à tour le capitaine bavarois et le grand maréchal de l’empire.

— Suivez-moi tous ! reprit M. de la Guerche d’une voix haute.

Et sortant du jardin, malgré les Croates, malgré les Wallons, frappant et renversant tout ce qui s’opposait à son passage, il s’ouvrit un chemin sanglant jusqu’aux cuirassiers de Pappenheim, étonnés que quatre épées pussent faire tant de besogne.

— Monsieur le comte, dit alors Armand-Louis à son terrible rival, voici deux femmes que je confie à votre loyauté. Si vous êtes vraiment celui qu’on a surnommé le Soldat, sauvez-les. Quant à nous, M. de Chaufontaine et moi, nous sommes vos prisonniers : voici mon épée.

— Et voici la mienne, dit Renaud.

Jean de Werth venait de passer sur le ventre des bourgeois retranchés dans l’angle du jardin. Prenant alors sa course, il arriva jusqu’auprès du groupe formé par Mlle de Souvigny et Mlle de Pardaillan.

— Enfin ! dit-il.

Et déjà sa main levée effleurait le bras de Mlle de Souvigny, comme la serre d’un vautour l’aile tremblante d’une colombe.

Mais M. de Pappenheim, plus prompt que la foudre, poussa son cheval entre elle et le Bavarois.

— Monsieur le baron, dit-il d’une voix impérieuse, vous oubliez que Mlle de Souvigny est sous ma garde. Or, qui la touche me touche !

Les regards des deux capitaines se croisèrent comme deux lames d’épée.

Mais M. de Pappenheim était entouré de ses cuirassiers, qui lui étaient dévoués. Jean de Werth comprit qu’il ne