Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/56

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Jean de Werth pour être assuré qu’il ne renoncerait pas à ses projets, s’il les avait ajournés. Il fallait donc mettre M. de la Guerche et M. de Chaufontaine à l’abri de toute entreprise hostile.

L’air de son visage, quand il pénétra dans l’appartement occupé par les gentilshommes, leur fit comprendre que quelque chose de nouveau s’était passé. Adrienne et Diane se pressèrent l’une contre l’autre, comme deux colombes à l’approche d’un vautour.

— Vous savez de chez qui je sors ? dit M. de Pappenheim. Rien n’est perdu, mais il faut vous séparer.

— Nous séparer ? répéta Adrienne.

— Le nom de quelqu’un contre lequel je ne peux rien, un nom auguste, a été prononcé. Mlle de Souvigny est prisonnière de Sa Majesté l’empereur d’Allemagne. Mlle de Pardaillan l’est aussi.

Le saisissement ne permit pas à Mlle de Souvigny de répondre. M. de Pappenheim profita de ce silence pour leur raconter ce qui s’était passé chez M. de Tilly. En apprenant que leurs compagnes allaient être envoyées à Munich ou à Vienne, Armand-Louis et Renaud bondirent comme deux panthères dont les flancs viennent d’être piqués par des flèches.

— Prisonnières toutes deux ! Et nous ? dirent-ils.

— Vous, messieurs, vous êtes libres.

— C’est une trahison ! s’écria Renaud.

— Voilà, monsieur, un mot que vous n’auriez pas impunément prononcé si vous n’étiez pas mon hôte, répliqua le maréchal, qui pâlit légèrement. J’ai fait tout ce qui était humainement possible pour vous sauver ; mais je ne suis pas le maître, je ne m’appelle pas non plus Ferdinand de Habsbourg. Devant ce nom, les têtes les plus hautes s’inclinent. Rassurez-vous, cependant : Mlle de Souvigny