Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/67

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château huit jours après et entra au couvent. Mais, hélas ! on ne put jamais savoir ce qu’étaient devenues les pierreries.

— Ces choses-là s’égarent si facilement !

— La calomnie osa m’accuser ! Il serait opportun d’engager le maître du château, un comte du Saint-Empire, monseigneur, à ne plus penser à cette affaire qui lui rappelle de si tristes souvenirs.

— J’en dirai un mot à l’électeur Maximilien, mon maître, et j’ose croire qu’il fera droit à ma requête.

— J’ai bien encore quelques menues peccadilles sur lesquelles ma conscience ne s’est point endormie ; l’une entre autres a motivé une sentence de mort prononcée par le tribunal ecclésiastique de Trêves ; mais, grâce à l’intervention de mon saint patron, j’ai tué tant de huguenots depuis lors, que le tribunal consentira, j’en suis sûr, à lever ma sentence si quelque âme charitable et puissante plaide ma cause.

— Je serai cette âme, si vous voulez.

— Il ne me reste à présent, monseigneur, qu’à vous présenter humblement une dernière prière. Je n’aurais plus de vœux à adresser au Ciel, si quelqu’un, ayant votre nom et votre crédit, m’attachait à sa personne. La casaque va mieux à ma taille que le froc ; non pas que je dédaigne ce pieux vêtement, mais chacun a ses instincts, et les miens me poussent vers l’habit militaire. Ce qui n’empêche pas que, dans l’occasion, ma tête saura se courber sous un capuchon.

— Parbleu ! mon Père, depuis une heure je pensais que vous étiez seul en état de remplacer un honnête serviteur que j’ai perdu, le bon Frantz ; c’était un homme habile, qui n’avait pas son pareil pour les entreprises hasardeuses. Avide, c’est vrai, mais point scrupuleux. Je le pleure chaque