Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

IX

LE SERMENT DE MAGNUS

Cependant, le jour succédait à la nuit ; on entendait partout dans la campagne ces bruits confus qui accompagnent le matin ; les paysans poussaient leurs bœufs dans les guérets, cherchant d’un air inquiet s’ils n’apercevaient pas quelque ennemi sortant du coin de l’horizon ; des chariots passaient sur la route ; les cloches d’un monastère voisin sonnaient ; le bourdonnement de la vie se réveillait. Déjà Magnus avait deux ou trois fois examiné si rien ne manquait au harnachement des chevaux. On ne distinguait plus la poussière soulevée par la marche des cavaliers saxons, et cependant rien encore ne troublait le profond silence de l’hôtellerie.

— Voilà la première fois que mon maître est en retard ! dit Magnus.

— Laissez-le dormir. Dieu a béni le sommeil, répondit Carquefou.

Mais, tourmenté par l’appétit matinal auquel il n’était pas dans ses habitudes de résister, Carquefou quitta sa couche de paille et s’en alla faire un tour dans la cuisine.

Il reparut un instant après, la mine attristée.

— Voilà qui est singulier, dit-il, ni vic (tuailles) d’aucune sorte, ni cuisinier. J’ai rôdé dans tous les coins : personne. Je