Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/97

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visite ? Vous auriez pu vous en épargner la fatigue, et m’en éviter, à moi, le dégoût !

Jean de Werth se leva et appela ; son visage n’avait rien perdu de son impassibilité. Quand un valet eut posé sur la table les objets qu’il avait demandés :

— Voici, reprit-il, une plume, de l’encre et du papier ; quelques mots écrits là vous rendent libre ; peut-être ne serez-vous pas toujours aussi obstiné que vous l’êtes à présent… Les murailles de ce château sont en bonnes pierres et dureront plus que vous… Adieu, monsieur le comte !

Armand-Louis ne remua pas, et bientôt les pas de Jean de Werth se perdirent dans l’escalier de la tour.

De la tour du Serpent, le Bavarois passa dans celle du Corbeau ; il y trouva M. de Chaufontaine qui égratignait le mur avec les dents d’une fourchette de fer, et y dessinait le profil de Mathéus.

— Monsieur le marquis, je suis fâché de vous déranger, dit Jean de Werth en entrant ; mais, continuez, si cela vous amuse.

Renaud tourna la tête à demi, et sans paraître le moindrement surpris :

— Oh ! rien ne presse, j’ai toujours mon modèle devant les yeux ; vous comprenez ? un visage si remarquablement laid, et tel que Votre Seigneurie seule pouvait le choisir.

— Le seigneur Mathéus Orlscopp a toute ma confiance.

— Il la mérite.

— Les fortunes de la guerre vous ont mis entre ses mains.

— Entre ses griffes, monsieur le baron.

— Il a le droit de disposer de vous.

— Mais, il me semble que Sa Seigneurie use de ce droit !

— Cependant, si vous renonciez à la main de Mlle