Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/190

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Dans son sommeil il chercha à se débarrasser de ses embrassements, parce que dans son rêve il lui semblait que les chaînes d’or avec lesquelles il emmenait les peuples prisonniers s’enroulaient de plus en plus étroitement autour de ses jambes, au point d’entraver sa marche.

Mais Bella était trop agitée pour faire attention à ces mouvements. Elle se précipita par la fenêtre pour rejoindre les siens, sans réfléchir si elle sautait de haut ; le bonheur de son peuple voulut qu’elle ne se fît aucun mal. Sa chambre était au premier étage ; et l’écolier qui, après avoir reconnu qu’elle était au château, était venu promener sous ses fenêtres sa douleur et son amour malheureux, la reçut dans ses bras.

Les bohémiens la reconnurent, lui mirent la couronne sur la tête, le sceptre à la main, et sans faire de bruit, sans éveiller l’attention des gardiens, et en entraînant en même temps l’écolier, de peur qu’il ne les trahît, ils l’emmenèrent jusqu’aux portes de la ville, où des chevaux rapides les attendaient et les éloignèrent bientôt de Gand par des sentiers cachés à toutes les recherches.

Lorsque l’archiduc fut réveillé de ce rêve ambitieux terminé d’une manière assez triste, par l’éclat du jour qui semble dire insolemment aux rêves :