Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/266

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dame lui recommanda bien de lui amener son jeune cousin, dès qu’il serait arrivé.

En rentrant chez lui, le lieutenant trouva un jeune homme grand et pâle, vêtu d’habits tels qu’il n’en avait jamais vu. Ses cheveux étaient frisés fantasquement et sans ordre ; les boucles légères formaient en s’arrondissant un demi-cercle autour de chaque oreille ; par derrière, les cheveux, réunis en une seule tresse, étaient maintenus pair une forte résille. Un habit de taffetas rayé avec des boutons d’acier poli, et de grandes boucles d’argent aux souliers, tout ce costume riche et élégant trahit au lieutenant l’héritier du Majorat.

Ce dernier avait bien vite deviné son cousin, qu’il avait appris à connaître dans les lettres adressées à sa mère. Il lui dit qu’il avait couru la poste nuit et jour, et qu’il ne pouvait assez lui témoigner sa reconnaissance d’avoir préparé ainsi la maison qu’il trouvait très à son goût ; il lui demanda seulement la permission de prendre, à côté de la chambre qui lui était destinée, un autre petit cabinet qui donnait sur une rue étroite, car, ne sortant que très-rarement, il aimait à voir le mouvement qui anime surtout les petites rues.

Le cousin lui céda sans difficulté la mauvaise