Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/30

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abandonnée comme l’avait prévu la vieille. Bella pouvait le regarder à son aise par une fente de la porte ; elle n’avait jamais rien vu de pareil ; elle ne s’était encore trouvée qu’en face de noirs bohémiens bruyants et grossiers, tandis que lui marchait avec tant de noblesse ; il avait l’air si doux et si fort en même temps, qu’elle avait reconnu le maître, bien avant que ceux qui l’accompagnaient l’eussent appelé prince. Charles jeta avec vivacité son chapeau sur la table, étendit son manteau sur le lit, et dit à Cenrio de faire cerner la maison avec soin, et de lui laisser deux flambeaux allumés ; que pour le reste il pouvait être tranquille.

Cenrio lui recommanda de ne pas manquer de tirer un coup de pistolet s’il avait besoin de quelqu’un, et si le coup manquait, il n’aurait qu’à appeler ; un soldat serait placé sous la fenêtre, et lui-même, Cenrio, veillerait non loin de là.

Le prince lui répondit qu’il se passerait bien de toutes ses précautions et de toutes ses sentinelles, qu’avec sa cotte de maille et son épée il ne craignait personne, et que ce n’étaient pas les contes de revenants qui pouvaient l’effrayer.

Cenrio sorti, le prince s’accouda sur la table et chanta un lied pour se tenir éveillé. Puis, il s’étendit