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HUMOUR ET HUMORISTES

déliés d’innombrables lettres, et les héros de tes récits, tu ne les aimes que parce qu’ils t’amusent. Pauvre captain Cap ! l’as-tu assez raillé, ce fabuleux coureur de fabuleuses aventures ! et Hans Borg de Trumsoe, qui fumait de si extraordinaires cigares ! et Marie Kouarec, qui tenait sur le port de Loctudy un cabaret graisseux, où l’on buvait du gin ardent si estimé ! Ils ont été les grands jouets de ton âge mûr, mille fois plus divertissants, et mille fois moins incassables que les soldats de plomb, les chevaux de bois, les pistolets de paille dont s’égayait ta toute enfance. Tu ne les as chéris que pour le plaisir qu’ils te donnaient, égoïste, égoïste !

« Sans doute, tu as laissé à d’autres le terrible fouet à sept nœuds de la satire, tu as fui les colères furieuses des grands chevaliers de vertu, évité les larmes trop abondantes des désabusés et l’amertume des misanthropes. Tu as allumé ta meilleure pipe, tu t’es versé un verre de gin, tu as caressé ta barbe blonde, tu t’es assis devant ta porte et, ravi comme un moutard devant le Guignol, tu as regardé les