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TRISTAN BERNARD

pointes lui donnait l’air d’un fidèle bonapartiste. Bien qu’il portât une canne à pomme d’or, ses vêtements de forme ancienne révélaient quelque fatigue.

Il regarda M. Bernard, sourit, prit une chaise et s’assit. Muet, il attendit quelques instants ; puis, comme M. Bernard ronflait avec tranquillité, il posa sur ses cheveux une couronne de lauriers. Et M. Bernard reconnut sir Charles Dickens. Son âme frémit et des frissons heureux chatouillèrent son corps. Il essaya, par politesse, de se rappeler deux ou trois mots anglais, et n’y parvenant point, il tendit les bras dans un beau geste adorateur. C’était bien le maître, tel qu’on le dépeint quelques années avant sa mort, et tel que le montrent les eaux-fortes qui illustrent les premières pages de ses œuvres. Ah ! comme il eût voulu seulement toucher le pan de cette redingote usée, dont les manches brillaient, et dont les coutures s’enfuyaient ; mais il ne saisit que du vide, et ennuyé, attristé, il s’enfonça dans son fauteuil.

Et il murmura simplement :