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PIERRE VEBER

— Un peu, suffisamment même pour en bien parler. »

Elle s’appuya au dossier du banc et, laissant avec fatigue retomber le livre :

« Il doit être de taille moyenne, n’est-ce pas ? Son nez, un peu retroussé, révèle son parisianisme narquois ; ses yeux malins de bon enfant, son observatrice sensibilité. Une barbe soyeuse orne son menton, et, quand il songe ou rêve, sa main fine s’y égare avec complaisance. Il rit parfois d’un petit rire contenu, qui n’entr’ouvre pas ses lèvres, s’attarde dans le gosier, et se perd en secousses légères. »

M. Pierre Veber se rappela qu’il était un pince-sans-rire ; il ne manqua point de jouer le rôle que lui impose cette étiquette.

Il réprima un sourire, envoya rouler à quelques pas un cailloux qu’il avait déterré patiemment avec sa canne, et, esquissant un geste ennuyé :

« Comme je regrette, madame, de ne pouvoir vous confirmer l’exactitude de ce charmant portrait ! Hélas ! combien peu il res-