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L’ENTERREMENT DE M. A. SILVESTRE

irrévérencieux, Contes inconvenants, Desserts gaulois. Il représentait enfin cette vieille gaieté française dont l’inépuisable verve s’exerce sur les effluves printanières, les derrières charnus, les pétarades et les parfums des gaz humains. C’était là son bien, son champ de labour, et il le tournait, le retournait avec une infatigable ardeur et une prodigieuse fécondité. Auteur concis, il pouvait décrire en quarante lignes les jambes d’une plantureuse hôtelière, peindre en dix pages le soleil ou la nuit, analyser avec quelques centaines de mots les incongruités les plus diverses. Véritable poète lyrique, il passait sa vie à mettre bas ses chausses, à les enlever aux autres, et à contempler avec des emportements attendris certaines lunes rondes et fleuries.

« Souvenirs, souvenirs, envolez-vous, envolez-vous. Vers quinze ans, à l’âge des émois nouveaux, j’ai beaucoup pratiqué M. Silvestre. Les Joyeusetés de la Semaine m’aidèrent à supporter la dureté des bancs où je continuais à user mes culottes, et m’offrirent quelques secrètes dans le calme lycée de province où