Page:Acker - Le Beau jardin, 1912.djvu/283

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l’étranger et donné leur sang pour la France. Nos pères se sont battus pour le pays, et, si nous célébrons la paix, ce n’est point par lâcheté, c’est par horreur des tueries. C’est que nos pères ont vu de près, dans notre Alsace, l’invasion et la guerre.

C’est une belle réponse. Sainte-Beuve, qui n’avait jamais souhaité d’avoir la figure d’un sous-lieutenant de hussards que pour plaire aux femmes, faisait allusion à l’Histoire d’un Conscrit de 1813. Combien de fois, depuis, a-t-on répété son accusation, en ajoutant qu’Erckmann et Chatrian, promoteurs de l’antimilitarisme, avaient déterminé nos défaites en cultivant chez le soldat l’horreur des batailles ! Je l’ai dit : on croit rêver en entendant de pareilles diatribes, et il faut, pour s’y livrer, n’avoir pas lu les Romans nationaux, ou les avoir lus bien mal.

Joseph Bertha, jeune ouvrier horloger, à peine âgé de dix-neuf ans, faible, boiteux, levé dans la conscription de 1813, part pour l’Allemagne. La Grande Armée, décimée,