Page:Acker - Le Beau jardin, 1912.djvu/295

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des prières : c’était très simple et c’était très grand. J’étais venu jusque-là : je me suis enfui à l’instant, assez fortuné, dans ma désolation, pour voir, sur l’Esplanade même, la jeunesse messine attacher une couronne à la statue de Ney.

Metz ne voulait rien connaître de ces commémorations : elle fêtait ses morts, les siens, les soldats français tombés pour la défense de la patrie, et les Allemands ne comprenaient point — il y a tant de choses qu’ils ne comprennent pas — que les jeunes générations lorraines, nées après la guerre, ne participent point aux fêtes qui glorifiaient la conquête. Ils ne songent pas que Lassalle était Messin, et que les grands-pères des annexés sont les vainqueurs d’Iéna. Moi, j’allais à travers la ville, cherchant à saisir les battements de son cœur. Ah ! ces officiers à la tunique bleue, ces fonctionnaires à lunettes d’or, ces jeunes filles vêtues de blanc et qui ont des allures tapageuses, comme le moins clair-