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LA TERRE D’ALSACE

Le lendemain, c’est la messe. Les hommes quittent la petite veste noire pour endosser la longue redingote à deux rangées de boutons. La messe finie, le cortège sort solennellement ; mais il n’avance pas bien loin. Des enfants tendent sur le chemin une corde, et il faut, pour passer, que chacun des époux dépose une pièce blanche dans l’assiette que l’un d’eux présente. Les garçons du village tirent alors en l’air des coups de fusil qui font crier les femmes. Plus le mari est riche, plus on tire de coups de fusil.

On ne gagne la grange où est préparée la table du banquet, que lorsque l’on a acquitté ce droit de passage. Assis à midi, les invités ne se lèvent guère avant cinq heures et, tandis que les musiciens jouent, les plats succèdent aux plats : truites au bleu, choucroute garnie, canard à l’étouffée, perdreaux sur canapé, cuissots de chevreuil, pâté de foie gras, écrevisses, crêpes, tout cela abondamment arrosé des innombrables vins d’Alsace, vins pleins de soleil.