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LE BEAU JARDIN

pas écroulé, le plus bel avenir lui était réservé : il ne se plaignit jamais cependant, car il n’était pas envieux. Son culte pour Napoléon Ier ne l’empêcha pas de souffrir profondément du coup d’État que risqua le neveu. Si à l’orgueil des victoires son cœur avait vibré fortement pour Bonaparte, les vieux sentiments républicains, que ne perd jamais un Alsacien, s’étaient réveillés chez lui en 1848 : il présagea, dans le coup de force du président, la décadence de la France. Quand il mourut, il restait encore à l’Alsace treize années à vivre française.

Combien de pareils officiers sont sortis de ces villages alsaciens où l’on rencontre encore quelques vieux paysans, la barbiche taillée à l’impériale, un ruban à la boutonnière, les derniers soldats de l’Alsace française, vétérans de Crimée, d’Italie, du Mexique, de 1870, et qui apportèrent dans les armées du second Empire les mêmes qualités de courage, d’honnêteté, de conscience que leurs grands-pères dans les armées de la