Page:Acker - Le Beau jardin, 1912.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
70
LE BEAU JARDIN

Mais cette autonomie politique, elle doute qu’elle l’ait jamais, car elle sera toujours contre la France, de par la volonté allemande, un glacis couvert de soldats et de canons, et le gouvernement de ce glacis ne sera jamais confié aux Alsaciens que leurs maîtres appellent les Français de l’Ouest. La constitution que lui a donnée l’Empereur — et qu’on a justement comparée à une fenêtre de prison, un peu élargie, mais munie de barreaux plus épais — lui prouve combien elle a raison de croire son désir impossible à exaucer. Aussi ce qui lui importe bien plus que l’autonomie politique, c’est l’autonomie morale, c’est-à-dire conserver le patrimoine français acquis durant deux siècles prospères et glorieux d’union avec la nation souveraine, tous les souvenirs et tous les honneurs de la participation aux joies et aux tristesses de la France, la façon même de voir, de penser et de sentir que les pères ont léguée aux fils, et réaliser un certain idéal d’égalité et de liberté, qui est l’idéal moderne et français.