Page:Acker - Petites Confessions, sér1, éd3.djvu/116

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romancier de La Force, de La Rase, de L’Enfant d'Austerlitz et de Au Soleil de Juillet, que je ne songeai pas tout de suite qu’il en pût être l’auteur. Tout de même, il me sembla entendre, dans le lointain des années, les notes frêles du violon d’Ingres. Est-ce que M. Paul Adam, lui aussi ?... mais, s’étant retourné, il m’aperçut.

— C’est de vous ? demandai-je, en désignant du doigt l’affiche.

— Mais oui, répondit-il, et c’est même la troisième que je brosse. Dans quelques jours, vous admirerez la première, des danseuses de music-hall, dans les rues deParis. Ça vous surprend ?... mais j’en n’étais pas né du tout pour être littérateur. J’aime bien mieux dessiner cette petite bonne femme qu’écrire un livre, et je n’écris des livres que parce que j’ai commencé à vingt ans, poussé par ma mère, et que j’ai continué... Il jeta le morceau de pastel qu’il tenait à la main et, flattant un long et souple lévrier qui se couchait à ses pieds :

— Oui, dit-il, j’ai voulu être un tas de choses que je ne suis pas. D’abord, j’ai voulu être sculpteur et, toutjeune, j’ai sculpté un groupe, Les Trois Mousquetaires ; puis j’ai trouvé qu’il n’y avait pas de plus belle vie que celle de rentier ; malheureusement, elle ne pouvait être la mienne. Enfin, je voulus être explorateur à la fois et fermier, cela était très sérieux, c’était ma vraie vocation, et je fus même sur le point de partir en Australie pour y élever des moutons. Mais je ne suis parti qu’en