Page:Ackermann - Contes et Poésies, 1863.djvu/251

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Fait la moindre feuille bouger.
Le flot dormait sur le rivage ;
L’oiseau, perdu dans le feuillage,
Était sans voix et sans ébats.
Sur sa tige fragile et verte
La rose restait entr’ouverte ;
Cent printemps ne l'effeuillaient pas.
Le charme eût duré, je m’assure,
À jamais sans le fils du roi.
Il pénétra dans cet endroit.
Et découvrit par aventure
Le trésor que Dieu lui gardait.
Un baiser bien vite il dépose
Sur la bouche qui, demi-close,
Depuis un siècle l’attendait.
La dame, confuse et vermeille,
À cet inconnu qui l’éveille
Sourit dans son étonnement.
Ô surprise toujours la même !
Sourire ému ! Baiser charmant !
L’Amour est l’éveilleur suprême,
L’âme, la Belle au bois dormant.