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III
MADAME LOUISE ACKERMANN

daté de Port-Royal-des-Champs, — où, dans son précoce enthousiasme pour Pascal, elle avait entraîné sa mère et ses sœurs et habité quelques mois, — et se termine ainsi :

Sacrifice… eh bien, soit ! tu seras consommé.
Après tout, si l’amour n’est qu’erreur et souffrance,
Un cœur peut être fier de n’avoir point aimé.

Il est curieux de voir Mme  Ackermann qualifier ainsi de sacrifice le renoncement à l’amour, au mariage ; car, peu d’années ensuite, s’étant exclusivement consacrée, après la mort de sa mère, à l’étude des poètes, ses « amis uniques[1] », ne travaillant les langues étrangères que pour les « comprendre et s’en pénétrer », elle ne se maria, pour ainsi dire, que malgré elle.

Une autre pièce, adressée Aux Femmes, mérite d’être citée, comme témoignage des hautes préoccupations de la jeune fille :

S’il arrivait un jour, en quelque lieu sur terre,
Qu’une entre vous vraiment comprît sa tâche austère ;
Si, dans le sentier rude avançant lentement,
Cette âme s’arrêtait à quelque dévoûment ;

  1. Autobiographie.