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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

Il fait un demi-tour à gauche et pose son cadeau sur les genoux de Marie.

— Permettez… permettez… je vous offre cette futilité… Personnellement, je ne saurais qu’en faire…

On n’est pas plus galant ! Marie enferme l’objet dans son réticule. Ni Telcide, ni Rosalie, ni Jeanne n’ont rien vu.

— Ma cousine Marie est ravie, dit aussitôt Arlette.

— Eh oui ! répond le professeur. C’est une femme !…

Il a, pour prononcer cette phrase, un hochement de tête si désabusé que Jacques croit utile de signaler à Arlette son impression. Cet homme ventripotent et las a perdu toutes ses facultés d’initiative. D’avoir été rebuté une fois, il est devenu incapable de confiance et d’espoir. Il ne se mariera que si on l’y force. Il refusera de voir clair tant qu’on ne prendra pas la peine de lui mettre une lumière sous le nez. Il ne devinera rien, il ne pensera rien, il ne sentira rien…

— Soit ! répond Arlette… Je le brusquerai, ça m’est égal ! j’ai entrepris une œuvre, j’irai jusqu’au bout…

Après avoir observé que l’heure s’avance, Jacques de Fleurville demande à la jeune fille la permission de la quitter. Discrètement, ils se serrent la main :

— J’espère avoir souvent l’occasion de vous rencontrer… dit-il.

— Moi aussi.

— J’ai passé près de vous un après-midi charmant…

En partant, il distribue aux orphelines les lots qu’il a gagnés et dont ses bras sont chargés. Or, dès qu’il n’est plus là, Arlette commence de trouver cette fête assommante, ces gens ridicules et cette tombola stupide…

Une question l’inquiète. Pourquoi Jacques lui a-t-il très peu parlé de sa fiancée ? Pourquoi lui a-t-il envoyé la bonbonnière vieux Japon ? Et pourquoi est-il venu dans cette salle de catéchisme perdre les plus belles heures de sa journée ? Elle ne se trompe pas. Il lui a bien dit qu’il souhaitait la rencontrer souvent et que sa compagnie lui avait été fort agréable. Logiquement elle doit croire qu’il l’aime. Il n’y a pas d’autre expli-