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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

— Oh ! moi aussi.

— Parce que, chaque fois que j’en reviens, j’apprécie encore davantage mon enclos, si calme qu’on ne risque pas d’y être écrasé en même temps par des bicyclistes, des cochers, des automobilistes… Pour vivre à Paris, il faut avoir l’habitude. Les provinciaux, comme nous, ne se meuvent pas facilement au milieu de cette agitation et de ce bruit. Ils s’affolent et, pour éviter un cheval, ils se jettent sur un bec de gaz… Comme Arlette sourit, il ajouta :

— En tant que Parisienne, vous devez nous trouver naïfs…

— Je ne suis plus Parisienne.

— Oh ! oh ! Pour penser le contraire, il suffit de regarder votre robe…

Arlette aurait grande envie d’interpeller Telcide. M. le Grand Doyen ne trouve ni ses bras, ni son cou outrageusement dégarnis. Mais elle préfère triompher autrement :

— À ce propos, monsieur le Grand Doyen, demande-t-elle, est-il vrai que vous n’aimiez pas les petits pois ?…

Les quatre sœurs prennent l’air effaré.

— Ma cousine Telcide, ajoute Arlette, m’a défié de vous poser cette question.

Telcide est toute rouge. Elle suffoque trop pour riposter. Elle articule avec peine :

— C’est faux… Je ne vous ai pas défiée…

Le prêtre, qui a deviné qu’il s’agit d’une bonne malice, répond, avec un geste onctueux :

— Mon Dieu !… à la rigueur… mon estomac…

Mais Arlette ne veut pas que se prolonge le quiproquo :

— Je parle des petits pois brodés comme ceux que je porte au col et sur les manches.

— Oh ! très bien… Je m’occupe rarement du détail des toilettes. Je compte si peu d’élégantes parmi mes ouailles… Mais ces petits pois — puisque petits pois il y a — me semblent très convenablement accommodés en ornements. Je me les représente en guirlande le long d’une nappe d’autel. Je crois que l’effet serait joli…