Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Et l’impératrice Irène sera la femme revêtue de soleil ; elle aura la lune sous les pieds et une couronne de douze astres sur sa tête, parce que c’est écrit ; et qu’elle est l’élue.

Alors, tous quatre se prosternèrent, ayant quitté leurs sièges. Irène vit leurs échines respectueuses ramper, peut-être moqueusement, vers ses souliers de pourpre.

Plusieurs jours ils la convainquirent ainsi de leur excellence. Et, pour la déterminer à suivre les avis de la prudence, il amenaient, avec eux, le prince qui était, par le corps, un garçon solide comme l’aïeul Constantin V, et, par la face, une fille grave semblable à sa mère dans les premières années du mariage. Il aimait les jeux de vigueur. On le voyait partout chevauchant avec son camarade Théoctistos nègre et lippu. Il adorait un paon apprivoisé, cadeau de la ville d’Andrinople. Avec le geste même de son père caressant les joyaux, Constantin lissait continuellement les plumes de l’oiseau majestueux qui se cambrait voluptueusement sous la main adroite et lente. Souvent le prince se couchait au long de la bête accroupie et lui tendait les lèvres. Aussitôt le bec aigu s’y engageait pour se retirer, plein de salive humaine, après une longue succion. Alors le paon levait haut son gosier de saphir, et il savourait la liqueur amicale en gloussant. Ce qui rendait le petit garçon fou d’orgueil et de joie.

À considérer ces jeux, l’impératrice reconnut sou-