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IRÈNE ET LES EUNUQUES

malgré tant de démarches et d’humiliations, Irène, par l’initiative de ses ministres, et la grâce que projetait au loin sa gloire, se l’était fait en quelque sorte solliciter comme un honneur.

Les Grecs chérissaient déjà leur future impératrice. Ils la baptisèrent Érythro, dans la vivacité de leur allégresse, lui donnant le nom de la mer qui se mariait au sol de l’Empire.

La Régente et Jean élurent un eunuque. Il partit vers la princesse afin de l’instruire dans la coutume et dans la langue de ses futurs sujets ; de l’initier au cérémonial, aux subtilités du dogme byzantin.

Cette fois, les évêques des Gaules ne s’opposaient plus. Certainement Bythométrès avait offert les gages d’une prochaine conversion durant les ententes nuptiales. La précieuse amitié de Rome secondait alors les eunuques iconolâtres.

— Rotrude est-elle aussi belle que le paon ?… demandait Constantin non sans inquiétude… Et comment devrai-je l’embrasser ?

Dans les soucis d’une politique complexe, le jeune prince avait été quelque peu négligé par l’affection maternelle. Si, jusqu’à la mort de Léon, Irène l’avait choyé comme le motif de ses plus ardentes brigues, l’empereur mort, elle commit aux moines et aux eunuques éducateurs le soin de cultiver la croissance de Constantin. Quand se posa la question du mariage franc la régente s’étonna de voir s’enfiévrer l’adolescent. Loin de sa puérilité première, il envisageait