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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Les diamants les fascinaient sur l’aigrette du turban, Hassan gratta le menton de Zoé avec son index :

— Dis, sourire du matin, Byzance t’a vu naître ?

— Moi ? Je naquis Arménienne : mais on m’a baptisée Zoé. Je suis orthodoxe et Grecque.

Un franc survint, qui riait d’elles sous sa longue moustache tombante. Il dit à son compagnon :

— Celle qui vend des oranges ressemble à une jouvencelle des Gaules.

Pulchérie rectifia :

— Ma mère est venue des Gaules, et mon père était un officier de la garde souveraine… On m’a baptisée Pulchérie… je suis orthodoxe et par conséquent Romaine.

Boniface, légat du pape, agaçait Maximo :

— Celle-ci semble originaire des Monts Siciliens.

Maximo s’inclina :

— Ta Sainteté devine exactement : ma mère est revenue grosse de Sicile, avec la flotte. Les fils du Seigneur m’ont nommée Maximo. Je sais tresser les couronnes, allumer les parfums, et si ton lit semble dur, j’ai une gorge douce pour te faire un coussin de tète…

Le comte Clotaire fut plus hilare encore. Les poings sur les hanches il les dévisageait toutes, et faisait, en latin, des réflexions pour le légat du pape.

Eudoxie s’offrait au musulman :

— Moi, je puis te dénommer tous les chevaux, te faire voir Byzance, les quartiers du port, ceux de la