Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Sonnez, tibicinaires !

Le comte jugea prudent d’obéir.

L’impuissance rageuse de l’empereur s’épancha en injures :

— Brute, lâche, père de rien, esclave, poussière de sandale !

Et tandis que sonnaient les trompettes, il trépignait, il pleurait niaisement. C’est en cet état que le trouvèrent sa mère et sa femme qui avaient suivi jusqu’au seuil du Triclinion le Mesureur de l’Abyme, afin de lui prêter l’appui du pouvoir augustal au moment décisif.

— Vois comme il souffre, Despoïna… gémit doucement Marie, accrochée au bras d’Irène.

— Reste à ma droite,… prescrivit sévèrement la mère.

Théodote, bouleversée, répétait aux cubiculaires :

— Le maître crie, le maître est pâle. Oh ! moi, j’ai peur !

— Mère, hurlait l’Empereur,… contemple ma honte. Ris. Je suis un jouet dérisoire, le prisonnier des eunuques, moi ! Que me réserves-tu ? Le poison qui tua mon aïeul Copronyme ou celui qui détruisit mon père ?… Parle !

— Je ne puis te comprendre ;… répondit froidement Irène… Ces gens que l’on emmène t’ont calomnié. Ils allaient prétendant qu’avec eux tu préparais des manœuvres pour reléguer ta mère et l’Impératrice en exil, au cloître, pour livrer au bourreau le curopalate et les logothètes, mes serviteurs glorieux, le Patriarche