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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Le fils se récria :

— Et que t’importe la fureur des foules ! Tu l’as toujours domptée. Tu veux me faire sortir pour que je tombe à l’heure annoncée sous le bras du bourreau. Mais je ne veux pas. Je mourrai, dans cette chambre, le glaive au poing, comme un basileus, non comme un traître, sur l’échafaud. Arrière… Ne touchez pas au vantail. Le peuple hurle en vain à la mort. Il n’aura que le spectacle du cadavre, non celle de l’angoisse !… J’attends que ton sortilège, ô mère, brise l’arme dans ma main.

— Tu deviens fou…

Marie répétait :

— Mais, écoute… On t’acclame… Alexis et ses légions passent le Bosphore. La garde palatiale te veut à sa tête… Sors donc, pour triompher !

Il hurla :

— Pour périr, horreurs de l’Hadès ! Afin que vous meniez seules le destin du monde. Mais votre ruse ne me fera point paraître, victime admirable, le bandeau en tête, près du billot… Ah ! ah ! vous attendez que je me livre comme un bélier docile dont on a doré les cornes pour le festin de Pâques. Il n’en sera rien…

L’épouse tomba, les mains jointes. Une plainte s’échappa de ses lèvres :

Irène haussait les épaules :

— Les destins m’ont vaincue. Tu deviens le maître de Byzance et du monde.

— Tes légions se révoltent contre le pouvoir de la