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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Oui, oui, tu m’aimes Despoïna, tu m’aimes…, répondit-il en grelottant… Je le sais ; si tu me condamnes aujourd’hui, c’est contre ton cœur, et tu souffriras plus que moi, tout à l’heure, quand le bourreau fera rouler ma tête… Je sais ? Seulement, ma mort est nécessaire au salut de Byzance. Les soldats s’insurgent à cause de moi, et tu ne peux plus gouverner le monde, tant que je demeurerai l’Autocrator… Je sais bien que tu m’aimes, puisque tu me caches l’épouvante de la vérité ; puisque tu me dis, par un pieux mensonge, qu’on m’acclame… Je sais bien que tu m’aimes… Oui… oui.

Il acheva dans les pleurs. Irène l’enlaçait à la taille :

— Alors-crois-moi, crois-nous… Laisse ouvrir le vantail.

— Non, non.

Irène l’enveloppait de son corps :

— Je t’en supplie… Tu verras… L’iconomaque triomphe… Tes soldats te porteront sur le pavois. Viens avec nous dans les galeries supérieures, si tu aimes mieux. De là tu apercevras Byzance en fête.

Et Marie confirmait :

— En fête. Les marchands déroulent les tapis précieux le long de leurs façades.

Pharès ajouta :

— Ils exposent les châsses et les reliquaires… Que Ta sagesse nous entende, qu’elle daigne monter aux galeries de Daphné…

Irène entraînait son fils :